La Bombe de Turing Comme Solution

Enfin, on appelle ça la bombe de Turing mais il n'en est pas à l'origine... En effet, dès 1933 et jusqu'au début de la guerre, ce sont grâce aux renseignements receuillis par le militaire français Gustave Bertrand et au travail de trois mathématiciens polonais, Marian Rejewski, Jerzy Rózicki et Henryk Zygalski, le "Polski Biuro Szyfrów" (bureau du chiffre du renseignement militaire polonais, de 1919 à 1945) sait décrypter les messages allemands, chiffrés avec la machine Enigma, exploitant une faille dans la procédure de début de transmission.

Casser la Machine

Les machines qui sont à la disposition des états en guerre au début de la Seconde Guerre mondiale semblent de nature à bien protéger les communications militaires. Les états-majors allemands n'en doutent pas. Ils ont tort cependant.

En effet, avant le message chiffré proprement dit, l'opérateur allemand choisissait au hasard les trois lettres d'une clef de message (par exemple BWE) qu'il saisissait deux fois (BWEBWE). Il notait le résultat chiffré (par exemple TCKJMY) et repositionnait les trois rotors sur BWE; il frappait ensuite le reste du message. Le début du message commençait par TCKJMY. Cette caractéristique des six premières lettres a permis aux Polonais d'attaquer Enigma.

Cette procédure est ultérieurement modifiée, et l'Enigma retrouve pour un temps ses défenses. Les Polonais décident, en 1939, devant l'imminence de l'invasion allemande, d'exposer leurs travaux aux Anglais et aux Français médusés par les résultats obtenus. Au début des années 1940, les meilleurs spécialistes anglais, dont Alan Turing, furent rassemblés en grand secret à Bletchley Park, où leur tâche principale fut de décrypter les messages allemands. Ils disposaient de moyens énormes - dont de gigantesques machines à calculer fabriquées tout spécialement (les bombes, inspirées des Bombas conçues par l'équipe de cryptanalystes polonaise).

Parallèlement à l'activité cryptologique sur Enigma, Turing a aussi contribué à la conception par Newman et ses collaborateurs d'une machine nommée Colossus. Ce premier embryon d'ordinateur autorisera le décryptement des Geheimschreibers SZ 40/42 du haut commandement allemand. Colossus est ainsi le premier ordinateur, avant le célèbre ENIAC.